Inauguration de la stèle aux chuteurs opérationnels morts en service

22 avril 2022 | 0 commentaires

Inauguration de la stèle
aux chuteurs opérationnels morts en service
Mercredi 6 avril 2022 – ETAP, Pau
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Érigée à l’initiative de l’ACOPS, Amicale des chuteurs opérationnels, cette stèle compte 57 noms dont certains sont connus du public :
• le maître Alain Bertoncello (3618) et
• le maître Cédric de Pierrepont (3230),
tous deux du commando Hubert, sont morts pour la France en Afrique en montant à l’assaut lors d’une libération d’otage en 2019, ou celui du colonel de Gendarmerie Arnaud Beltrame (2545), héros de la Nation, mort en service en 2018, ou encore celui du capitaine Thomas Gauvin (2951), major de sa promotion de St Cyr, mort pour la France en Afghanistan en 2011.

Quatre camarades du 13 en sont :
•  le MCH Jacques Burgard (1079), mort pour la France en 1990 en Arabie saoudite pendant la 1ère guerre du Golfe ;
•  l’ACH Serge Kaczala (922), mort en service aérien commandé, lors du crash du Casa de la STAT Para dans les Pyrénées ;
• le MCH Yannick Cheix (2135), mort en service aérien commandé en janvier 2019, au large du Gabon dans le crash du Puma en mer, qui le transportait avec son équipe ;
• l’ACH Yann Hertach (2615), mort pour la France en Afghanistan le 27 septembre 2019.Stèle chuteurs opérationnels

Une importante délégation du 13, menée par le chef du BOI et le commandant du 5/13, a été rejointe par de nombreux anciens, dont le doyen des chuteurs opérationnels du jour, l’ACH Jean-Claude Lickel (19) qui fut breveté lors du 1er stage (avril – mai 1965).

De façon très émouvante, les parents du MCH Yannick Cheix (2135), venus pour l’occasion, se sont joints à nous…Stèle chuteurs opérationnels

Lors du moment de convivialité qui suivit, le président de l’ACOPS, Philippe Tissier leur remis un souvenir personnel…Stèle chuteurs opérationnels (3)

Stèle chuteurs opérationnels - Général UrwaldAinsi, le général Paul Urwald (94) — qui fut des pionniers de la chute opérationnelle, comme le colonel Michel Berguin(1) (20) — s’est adressé aux nombreux participants en service ou anciens de toutes les unités : « Il y a 55 ans, alors que nous apprenions, ici à l’ETAP, les balbutiements de notre métier de chuteur opérationnel, personne n’aurait imaginé qu’aujourd’hui nous allions nous rassembler à l’occasion d’une telle cérémonie.
« A l’époque, parachute rond sur le dos, poignard fixé sous l’élastique du ventral pour couper la sangle de la gaine lorsqu’elle refusait de se libérer, nous nous éjections du Nord 2501 simultanément par les deux portes latérales à 4 200 mètres de hauteur, tous empilés les uns au-dessus des autres pendant les quatre-vingts secondes de chute. Le contact avec la planète était toujours brutal mais nous tentions de respecter la devise du moment : « vachés mais groupés » ! Faute d’avoir un quelconque dispositif d’aide à l’atterrissage nocturne, les sauts de nuit étaient le plus souvent  crépusculaires.
« Au fil des années — mais lentement — la technologie évolua avec le 656 à 2 fentes, puis le 687 Olympic et enfin l’aile.
« Au début, les rares équipes de chuteurs ops n’effectuaient que des sauts de démonstration à partie d’hélicoptères. Ce n’est qu’en 1973 ou 1974 qu’elles furent engagées pour la première fois en manœuvre de la 2ème brigade parachutiste en Corse du côté de Ghisonnachia.
« Depuis cette lointaine période, de nombreux vents ont balayé le ciel béarnais. La formation des chuteurs ops s’est poursuivie et s’est heureusement améliorée.
« Elle vise, entre autres buts, à livrer des soldats maîtres de leurs techniques, dotés d’un courage physique et moral exemplaires, animés d’un excellent esprit d’équipe et habités par une volonté farouche d’exécuter la mission.
« Beaucoup de ces guerriers appartiennent aux forces spéciales engagées en de nombreuses régions du globe et dont les brillants résultats restent méconnus pour d’évidentes raisons de sécurité.
« Au moment où va être délivré le 4 030ème brevet, 57 de nos camarades ont laissé leur vie en mission opérationnelle, ou accidentellement. Leur nom est à jamais gravé sur ce monument que nous inaugurons ce matin. Monument qui constitue la marque du souvenir.
« Devant lui, nous pourrons désormais nous recueillir pour prouver à ces braves que nous ne les oublions pas et les remercier de nous avoir tant donné.
« Nos plus chaleureux remerciements s’adressent d’abord aux initiateurs du projet : Un instructeur de la BFS (dont l’anonymat doit être préservé) et le lieutenant Rodrique. Puis au commandant de l’école, le lieutenant-colonel Cadot qui a autorisé l’implantation de ce marbre ici et à tout le personnel qui a œuvré en de nombreux domaines (merci Capitaine ANDRADE) pour la réussite de ce projet et de cette journée.
« L’argent restant le nerf de la guerre, rien n’aurait été possible sans la générosité de l’Union Nationale de Combattants, de l’association « les chuteurs de l’Impératrice, de la société LPN Global Service, du Crédit Agricole, de l’UNEO, de l’ETAP et des nombreux sympathisants qui ont versé leurs dons individuels à notre amicale.
« La réalisation est l’œuvre de M. Laurent Bourges marbrier et de Mr Dominique Planchand graveur et la stèle repose sur le socle réalisé par MM. Bisenti, père et fils. Elle n’aurait pas pu être menée à son terme sans la farouche détermination de notre président Philippe Tissier (654), secondé par le secrétaire/trésorier Manuel Cebellan-Martagon, et assisté du président d’honneur Jean-Pierre Saget (220).
« Avant de dévoiler cette stèle avec mon ami le colonel Michel Berguin (20), premier président de l’Amicale et en présence des quelques familles qui ont pu nous rejoindre à Pau, je voudrais pour terminer m’adresser aux stagiaires du 155e stage : “Mes jeunes amis qui recevez aujourd’hui votre
brevet avant de rejoindre vos unités, prenez l’engagement, devant ce haut lieu de la mémoire, et en présence des familles de nos chers disparus, de CROIRE en l’évolution continuelle et positive de la chute opérationnelle et OSER toujours exécuter votre mission, quoi qu’il arrive”.
« Par avance, je vous en remercie. »

Au final, pour ouvrir le pot d’amitié qui a suivi la cérémonie, notre Président, Philippe Tissier (654) s’est adressé à tous :
« Mon Général, Mon Colonel, Messieurs les Officiers Généraux, Officiers, Sous-Officiers et Militaires du Rang qui portez ou avez porté le brevet aux cinq étoiles bleues,
« Familles de nos camarades disparus et invités,
« En ce jour particulier de recueillement et de souvenir, il est réconfortant de vous voir si nombreux pour rendre hommage à nos camarades qui ont payé le prix fort dans l’accomplissement de leur métier, allant jusqu’au sacrifice suprême.
« Nous allons procéder à la remise de quelques plaquettes souvenirs aux familles des disparus présentes aujourd’hui. J’appelle les familles Reymondaud, Vernier, Mortier, Cheix, Selsis, Kaczala.
« J’ai aussi le plaisir de remettre l’insigne de l’Amicale au Brigadier Thomas David n° 4 000.
« Merci à la BFS d’avoir mis en place certains de ces matériels qui semblent bien étranges aux plus anciens d’entre nous. Merci aussi à l’entreprise IRVINGQ de nous avoir procuré la voile camouflée qui dissimulait la stèle.
« L’Amicale des chuteurs opérationnels remercie tout particulièrement le DGF, le lieutenant-colonel Cerf, le capitaine Andrade, OSA de l’ETAP, et le secrétariat PC pour l’aide qu’ils lui ont apportée dans toute la délicate préparation de cet évènement.
« À tous ceux qui n’ont pas hésité à mettre la main à la poche, ou à retrousser leurs manches, pour que ce projet voie le jour, et vous tous présents aujourd’hui, l’Amicale des Chuteurs Opérationnels présente ses plus sincères remerciements.
« La stèle est posée, gravée, la mémoire perdurera. Notre vœu le plus cher est que la liste s’arrête là, elle est déjà bien longue, mais nous savons tous combien le risque fait partie de notre métier et nous l’assumons totalement. »

Stèle chuteurs opérationnelsEt pour conclure, très heureux de la présence du général (2S) Patrick Champenois (2311) — ancien commandant de l’ETAP comme le général Urwald (94) — nous avons tous pu goûter l’humour de son allocution lors de la remise de la louche de « Général Popotier » au colonel Michel Berguin
(20 et chef du 2ème stage du 12 avril au 28 mai 1966 qui comptait 8 stagiaires du 13 et 8 du 2e REP).

Et bien sûr, ce fut l’occasion de très chaleureuses retrouvailles, comme celle de ces 6 anciens du 34ème stage (2 octobre au 30 novembre 1978)…

 

Que Saint Michel nous garde !
Général de division (2S) Georges LEBEL (763)
Président de l’Amicale du 13e RDP

Stèle chuteurs opérationnels

 

(1) Le capitaine Michel Berguin (20) servait au 2e REP en 1964, aux côtés du général Robert Caillaud (564, finalement breveté SOGH quand il commanda l’ETAP en 1975) auquel le CEMAT demanda un rapport sur l’usage possible de la chute libre sur un plan militaire. Ses conclusions permirent le lancement dès l’année suivante de la formation à ces techniques à l’ETAP.